Terre de vent, Terre de Feu

patagonie-carteLes habitants de la Patagonie disent du vent qu’il est leur pire bourreau. Il est capable de désarçonner le cavalier et de renverser le cheval sur l’homme à terre. Les naufrages dans le détroit de Magellan sont innombrables, certains dus au vent, d’autres à la violence des marées qui perturbent continuellement la direction des courants et repoussent les navires vers la côte. En octobre de l’année 1520, une escadre de quatre bâtiments commandée par Hernando de Magallanes, un navigateur portugais au service de l’Espagne, découvrit le canal qui relie les deux océans. Au cours du voyage, les marins aperçurent de nombreux feux au sud du Détroit. C’est ainsi que la Grande Île et ses sœurs furent appelées Terre de Feu. Ces feux provenaient des grands foyers que les Indiens Yamana allumaient pour se protéger du froid (…)

On naît comme tous les êtres humains, mais on finit changé en gaucho. Le gaucho est la continuité de la pampa à l’intérieur du ranch, mais il est aussi la continuité du ranch jusqu’au cœur de la pampa.

Gaucho et pampa se fondent dans un même langage, une même ruade, une même grillade, même feu, même fumée. Faim de solitude et d’infini.Il suçotait en silence la pipette de son maté, car on ne commence à être gaucho qu’après son premier maté. Cela se passe entre silence et songe. Le gaucho est un rêveur absolu, son rêve est vaste et solide, les guanacos y galopent, les moutons s’y endorment sous la neige et les derniers natifs de la Patagonie et de la Terre de Feu y trouvent la mort (…)

La barbe du gaucho protège son visage du froid et d’un vent qui arrache les poils. Son chapeau, au bord relevé devant, son foulard coloré, son poignard, ses bottes, ses éperons de métaux bruts qui tintent au galop, décrivent dans un langage simple et direct ce qu’est cet homme et ce qu’il représente. Patron des brebis égarées, des moutons de bon sens et des agneaux bêlant, il passe ses longues et souvent très dures journées parmi eux, à veiller sur leur pâturage et à les maintenir dans l’ignorance totale qu’ils ne sont alimentés que pour se reproduire et mourir. Quel est le paradoxe du gaucho ? Il tue ceux qu’il protège pour pouvoir se nourrir. Dans la pampa les vies s’entrecroisent. Les animaux reconnaissent l’homme et l’homme reconnaît les animaux. Sans eux, l’homme n’a pas de travail, mais il les tue sans ressentiment ni culpabilité. (…) – Patricio Manns

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