Un automne dans l’Arctique

carte-vignette-spitzbergToute la nuit, le vent d’ouest a soufflé comme un damné. Juste avant l’aube, le Noorderlicht, vieux gréement qui a enduré mille vies et plus encore de tempêtes, peut enfin pointer sa proue hors de la baie. Cap sur l’Isfjord, au cœur de l’archipel du Spitzberg, 78° parallèle, dernier poste de la civilisation avant le pôle Nord. Un univers de toundra et de glaces, de villes fantômes et de cabanes perdues, où l’âme des aventuriers d’antan flotte au-dessus des derniers ours polaires qui attendent avec mauvaise humeur le retour de l’hiver… L’automne au Spitzberg est une saison suspendue, comme le soleil au ras de l’horizon du matin au soir.
Il faut en profiter: en une semaine, l’archipel aura perdu près de deux heures de jour. L’été aux lumières sans fin sera bientôt un lointain souvenir avalé par un hiver cannibale. L’automne se fait une place entre chien et loup, le temps d’un petit miracle. La toundra s’habille de roux, les renards commandent leur pelage blanc et le ciel invente une palette incroyable de lumières qui n’appartiennent qu’à l’hyperboréal. Sur le pont, le vent reste cinglant. La houle d’ouest secoue le navire sans un égard pour son grand âge. C’est l’heure du premier thé fumant sous les haubans, assis à la barre, bien à l’abri de la parka. Les passagers regardent le premier jour du voyage s’extirper de l’heure bleue, comme les habitants des hautes latitudes appellent les premiers balbutiements du jour naissant. Avec cette brume légère, la ligne d’horizon s’estompe dans un gris laiteux, au point qu’il devient presque impossible de distinguer la mer du ciel. Pour apercevoir les hautes falaises qui bordent le fjord, il faut être proche à les toucher. L’approche d’un glacier se ressent par un froid encore plus piquant. Si, si, c’est possible…
Olivier JOLY

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